Cet article fut publié dans le numéro 9 de la revue Socialisme
International (deuxième série). Bien malheureusement, beaucoup des idées
restent valables aujourd’hui (2013), car majoritairement la gauche française ne
mesure pas l’importance de l’islamophobie.
Introduction à notre dossier
Islam, islamisme et la gauche
La mauvaise foi et l’hypocrisie (surtout à droite) se battent avec
l’ignorance et la confusion (surtout à gauche) dans la question ‘controversée de
comment comprendre l’islam politique au niveau international. Les médias nous
expliquent qu’il existe des ‘islamistes 'modérés' comme le gouvernement Turc,
(qui soutient le bombardement des pays pauvres et la libéralisation des
services publics de l’Europe) et puis des ‘radicaux' détestables, qui
comprendraient pas seulement les Ben Laden et autres tenants de la terreur
aveugle, voire antisémite comme en Turquie récemment, mais aussi les
organisations musulmanes alliées avec des forces nationalistes pour opposer une
résistance armée à l’occupation néocolonialiste de l’Irak, ou les kamikazes
palestiniens. Il est rare qu’une question politique soit aussi empreinte de
confusion.
Nous avons
décidé de produire un dossier sur la question de l’Islam et la politique, non
pas parce que nous comptons parmi nos rédacteurs des experts reconnus sur le
sujet, mais parce qu’il nous semblait que cette question apportait une
confusion lourde et lourde de conséquences parmi les militants de gauche, y
compris parmi ceux qui se réclament du marxisme révolutionnaire. Voir des
militants d’extrême gauche au premier rang de ceux qui ont décidé l’exclusion
de deux jeunes musulmanes de l’école à Aubervilliers a bouleversé bien de
repères.
Il nous
semble que le danger principal dans la situation française actuelle est bel et
bien l’islamophobie, qui peut, quelles que soient les intentions de ses tenants
à gauche, ouvrir un boulevard pour le développement du racisme anti-arabe.
L’article dans ce dossier sur le foulard montre que ces ‘affaires’loin de
concerner la seule école, concernent la tolérance des préjugés anti-musulmans
dans la société dans son ensemble. Tout le poids du passé colonial de la
France, et l’ignorance au sujet des cultures dominées alimentent ce processus.
La supposée menace intégriste dans la presse de droite
Les
‘affaires du foulard’ont été accompagnées d’un étalement au grand jour d’un
grand nombre de préjugés sur l’Islam et la politique. L’islamisme est vu comme
une force irrésistible et réactionnaire qui justifie tous les efforts pour
contrer son influence dans le monde. Du coup d’État de 1992 en Algérie, qui a
empêché un parti islamiste de gagner les élections, au bombardement des
populations d’Afghanistan, justifié, nous dit-on, par le traitement extrêmement
cruel des femmes par les Taliban.
Les revues
populaires d’actualité font des amalgames leurs fonds de commerce. Dans la revue
américaine Newsweek nous pouvons lire Samuel Huntington (auteur du « Choc
des civilisations »[i]) « La politique contemporaine mondiale c’est
l’ère des guerres musulmanes. Les Musulmans se battent entre eux, et contre les
non-musulmans, beaucoup plus souvent que ne le font les gens des autres
civilisations… Cinq des sept États sur la liste des États qui soutiennent le
terrorisme sont des États musulmans, ainsi que la majorité des groupes
terroristes. » Il explique que la menace vient de « l’islamo-fascisme »
soutenu par « entre 10 et 15 pour cent du monde musulman »…ce
qui ferait 200 millions d’« islamo-fascistes » !
Les journaux
français ne sont pas en reste. France-Soir publie le dessin d’un musulman qui cherche
dans le Coran avec une légende qui explique qu’il ne trouve pas le mot « démocratie »
dans ce livre. Et dans Le Point on lit:
« Il y
a dans le Coran de nombreuses exhortations à la guerre dite sainte. Il ne s’agit
pas d’un combat spirituel, il est bel et bien question d’opérations militaires
sanglantes avec égorgements, massacres, butins. Tous actes dont les informations
télévisées nous attestent la fréquence actuelle. Sourate 9, verset 9 :
‘Combattez ceux qui ne croient pas en Dieu.’
Ceux qui
estiment possible d’affirmer que l’islam est une religion de paix pourraient
peut-être expliquer en quoi les quelques versets du Coran mentionnés ici, et
tant d’autres qui répètent les mêmes choses, sont pacifiques et conformes à ce
qu’en Occident on entend par droits de l’homme. Un arbre se juge à ses fruits.
N’y a-t-il pas quelque chose d’irrationnel à penser que l’islam est une
religion comme une autre et qu’il faut l’accueillir à côté des autres par
fidélité aux principes de la liberté de conscience ? »[ii]
Et de gauche
Si les
publications de gauche soulignent souvent le besoin de ne pas amalgamer « musulman »
et « intégriste » elles ont néanmoins tendance à ne parler de
l’islam que du point de vue de l’intégrisme le plus réactionnaire. On ne
s’intéresse aux peuples musulmans que quand il y a un attentat ! Toute
résurgence d’une identité musulmane est vue comme une menace. Que davantage
d’hommes et femmes fassent le ramadan, que les mosquées soient un peu plus
fréquentées, et la presse parle tout de suite de « la montée de
l’intégrisme ».
Dans L’Humanité
dimanche, on cite un « conseiller technique en prévention de la
délinquance » [!] qui dit « Le communautarisme, c’est
l’ultra-libéralisme, le fascisme. Je ne veux pas que des Ayatollahs, qui
instrumentalisent la femme pour faire de la politique, m’imposent leurs règles. »
Dans Marianne,
Maurice Szafran attribue les attentats contre les civils israéliens à l’œuvre
de « l’internationale des fascistes islamistes. », tandis que
Jean-François Kahn fustige le « fascisme Vert » qu’il associe
au « refus d’enlever le foulard pour établir une photo d’identité. » Martine Gozlan affirme « L’islamisme
est un cycle infernal. Quoi qu’on lui oppose, il ne cesse de se reproduire. »
Dans le Nouvel Observateur, on cite un des fondateurs de SOS-Racisme,
Arié Bensehmoun qui dit : « On
est entré en politique contre Le Pen. Mais aujourd’hui, c’est l’islamisme qui
est une menace. »[iii]
Plus
rarement, mais régulièrement, au sein de l’extrême gauche on peut entendre des
commentaires proprement islamophobes.
La tradition
assimilationniste de l’Etat français constitue une bonne partie de
l’explication de cette diabolisation (voir l’article de Murray Smith dans ce
numéro). Mais le fait que l’islam est la religion des anciennes colonies
françaises et des populations immigrées opprimées y est évidemment central.
L’islam
serait en soi porteur de valeurs inconciliables avec la civilisation moderne,
et « l’intégrisme musulman » ou « l’islamisme »
constituerait une menace mystérieuse et puissante déterminée et capable de
ramener la société à la barbarie médiévale, en particulier en ce qui concerne
les droits des femmes et la liberté de parole, en œuvrant par des méthodes
terroristes des plus choquantes. Les crimes récents en Turquie sont utilisés
pour continuer cette caricature de l’islam politique.
Et pourtant
Pourtant les
massacres de dizaines de milliers de personnes sous les bombes, l’écrasement de
pays entiers sous la famine et la dette ne sont pas le fait d’extrémismes
religieux, mais de pays démocratiques bien pensants. Quand les médias parlent
de « musulmans modérés » ou « islamistes modérés »
ils se réfèrent le plus souvent à des mouvements ou des régimes qui acceptent
le droit de l’occident de bombarder des pays pauvres à sa guise, et d’écraser
la moitié de la population mondiale par le remboursement d’une dette sans fin,
à travers le FMI et la Banque Mondiale. Il ne faut pas se tromper de l’identité
de l’ennemi principal, l’impérialisme, qui a d’ailleurs — quand ça l’arrangeait
soutenu cyniquement les régimes et les mouvements islamistes les plus
réactionnaires (Arabie Saoudite, les Talibans).
En même
temps, quoi qu’on pense des tactiques utilisées, c’est l’islam politique entre
autres qui cristallise et inspire la résistance à l’occupation israélienne de
la Palestine et l’occupation américaine de l’Irak. Comme l’écrit Wendy Kristianasen,
les organisations islamistes « ont joué un rôle de premier plan dans
l’organisation… des manifestations de solidarité avec les Palestiniens —
manifestations qui ont fait réfléchir les régimes arabes sur leur complicité
avec un Occident avalisant la politique de M. Ariel Sharon. » [iv] Ce faisant, l’islam politique a
pu gagner un certain soutien parmi les jeunes en France, fatigués par
l’hypocrisie du « pays des droits de l’homme ». (Voir l’article de
Nicolas M. dans ce numéro).
Confusions
de base
Il est
primordial de faire la différence, pas seulement entre « musulman »
et « intégriste » mais entre les différents projets de « renouveau
de l’islam » qui ont gagné en popularité depuis trente ans. Venant des
pays dominés, ayant une base sociale variée, ces projets, même si les lignes ne
sont pas clairement dessinées entre eux, sont de nature différente. Pour certains
mouvements piétistes, le renouveau de l’islam doit passer surtout par un
respect plus rigoureux des rituels religieux. (dont le port du foulard, que Thomas
Mitch analyse en détail dans ce numéro). Pour d’autres groupes, c’est le
renversement des États colonialistes ou post-colonialistes et leur remplacement
par des États islamiques qui permettrait de régler les problèmes matériels et
spirituels des populations.
Dans
l’ambiance d’une islamophobie assez généralisée, il n’est pas surprenant de
voir qu’on cite l’Iran et l’Afghanistan en exemple bien plus que d’autres pays
à majorité musulmane. On suppose que l’Iran est typique d’un pays musulman.
Mais ces deux pays ont en commun avant tout leur lourd passé d’oppression
coloniale (sous l’URSS pour l’un et sous le Chah d’Iran pour l’autre), leur
proximité des puits de pétrole qui a garanti l’intervention soutenue de
l’impérialisme, et le soutien que les islamistes ont reçu des impérialistes à
certains moments clé de leur histoire. Il est évident que l’extrémisme
religieux, quand il détient le contrôle d’un appareil d’État ne peut que donner
lieu aux répressions les plus terribles. Ce n’est pas pour autant qu’il s’agit
de pays musulmans typiques vers lesquels tendraient les autres pays musulmans à
moins de bénéficier de la civilisation des ‘lumières’de l’Occident. Notons en
passant que le pays musulman le plus grand (160 millions d’habitants),
l’Indonésie, comportait jusqu’en 1997 un pourcentage de femmes au parlement
plus élevé que celui de la France.
On
ne peut pas expliquer l’islamisme par l’islam
L’islam
politique dans le monde n’a rien de monolithique. La force des grandes
religions qui ont survécu pendant plusieurs siècles est justement la
flexibilité de leur idéologie. Dans chaque religion, des éléments ultra
réactionnaires co-existent avec des versions plus ou moins progressistes de
l’idéologie religieuse — c’est-à-dire l’adaptation de l’idéologie religieuse au
vécu des croyants des classes opprimées.
C’est ainsi
que la religion chrétienne a inspiré à la fois l’Abbé Pierre, les « prêtres-ouvriers »
en France et la théologie de la libération en Amérique du Sud et de l’autre
côté les groupes fascisants qui ont assassiné depuis quelques années aux États-Unis
de nombreux médecins qui pratiquaient des IVG [v] ou les supporters de la dictature de Pinochet au
Chili après 1973.
Les
religions hindoues ont inspiré à la fois l’anticolonialisme militant de Gandhi,
et les groupes extrémistes qui ont organisé en 2002 le massacre d’au moins 2 000
musulmans à Gujrat en Inde [vi] en et qui s’allient
ouvertement aujourd’hui avec des partis fascistes dans certains pays [vii]
C’est pour
cela que nous ne devons pas être surpris de voir les talibans se réclamer de
l’islam, et d’autres musulmans proposer un féminisme islamique [viii], ou des versions très à gauche de
l’islam, comme en Iran dans les années 1970 [ix] ou en Afrique du Sud aujourd’hui. Claude
Meunier, dans ce numéro de la revue traite en détail l’attitude de la tradition
marxiste sur cette question.
Un extrême
c’est les lois islamiques horrifiantes contre les femmes en Arabie Saoudite ou
en Iran ; l’autre extrême se voit dans les paroles de la féministe
musulmane malaisienne, Zainah Anwar, qui écrit
« Dans
le monde islamique que je connais, je vois à la fois des tendances
progressistes et des tendances rétrogrades. Il y a des femmes qui ont fait plus
d’études que les hommes, et des hommes qui ont fait plus d’études que les
femmes. Des maris qui entretiennent leur femme, et des femmes qui entretiennent
leur mari.… [mais aussi] je vois des femmes qui ne peuvent pas accepter
que leur mari ait pris une deuxième épouse, celles qui refusent de croire que
Dieu a donné au mari le droit de battre sa femme…
Mais les Mollahs me parlent d’un monde islamique
différent. Ils déclarent que tous les hommes sont supérieurs à toutes les
femmes… Ils disent que je ne peux pas remettre ces règles en question parce
qu’elles sont édictées par Dieu.
En tant que femme pensante et croyante, je ne peux pas
accepter ces déclarations faites au nom de ma foi et de mon Dieu. Les mollahs
utilisent en fait Dieu et la religion pour justifier le patriarcat… il n’est
pas question que je rejette la religion pour pouvoir vivre ma vie en féministe. » [x]
L’interview
dans ce numéro de Samira Makhlouf montre que le lien entre islam et politique
peut être à l’opposé même de « l’islamo-fascisme » dont on nous
parle.
La cohérence
intellectuelle de ces propositions ne nous concerne pas ici. Ce qui est crucial
de comprendre c’est que la religion est un phénomène entièrement social. Elle
n’est pas une force historique en elle-même. Elle le devient dans la mesure où
elle peut exprimer les besoins de groupes sociaux spécifiques. Puisque les
intérêts des différentes classes ou fractions de classe divergent, différentes
versions de chaque religion y répondent. Dans ce sens l’Islam est une religion
comme les autres.
Les
tactiques de l’Islam politique
Dans un autre domaine on voit également des extrêmes. À
un extrême les proches de Ben Laden, et les attentats antisémites en Turquie. À
l’autre les propositions de Tarek Ramadan en France ou des dirigeantes
musulmanes du mouvement antiguerre anglais.
Le Monde Diplomatique note que le « néofondamentalisme
islamique »
peut se développer dans des contextes sociaux et
politiques très variés. Une organisation comme le Jama’at al-Tabligh (connu en
France sous le nom de Foi et Pratique) est parfaitement apolitique et
légaliste. Mais des imams, dans de petites mosquées de quartier en Europe, vont
insister pour que les filles se voilent et n’aillent pas en cours de
gymnastique, et inciteront les musulmans à ne pas serrer la main aux femmes ou
à ne pas répondre aux cartes de vœux de Nouvel An. À Londres, des prédicateurs
comme Abou Hamza et Omar Bakri déversent anathèmes et appels au djihad.
Le Hizb
ul-Tahrir (Parti de la Libération), basé à Londres et qui recrute chez des jeunes
musulmans de seconde génération, est très radical dans son discours (appel à
proclamer immédiatement la renaissance du califat (4) pour tous les musulmans,
condamnation radicale de toute participation à la vie sociale et politique des
pays d’accueil), mais se garde bien de parler de djihad et ne recourt jamais à
l’action violente.
Le
wahhabisme saoudien fondé par Abdel Wahhab (1703-1791) pousse très loin le
scripturalisme et le refus de tout compromis avec tout ce qui n’est pas le
strict islam (au point d’avoir détruit la tombe du Prophète lui-même afin
qu’elle ne fasse pas l’objet d’un culte) : il s’est construit contre les
autres écoles de l’islam et non contre l’Occident, avec qui il s’est allié sous
l’impulsion de la famille des Saoud. Mais il reste obsédé par toute influence
culturelle ou religieuse occidentale, d’où des tensions du fait de la présence
de troupes américaines. La télévision saoudienne destinée aux musulmans vivant
en Occident dénonce toute forme d’intégration, mais soutient la politique
pro-américaine de la famille royale.
L’islam
comme toute religion est un phénomène social.
C’est pour
cela que ceux, y compris à l’extrême gauche, qui se base sur leur lecture du
Coran pour analyser les mouvements de l’islam politique font absolument fausse
route (« Lis donc le Coran ! » m’a interpellé plus d’un camarade
énervé). Comme l’écrit Luiza Toscane, l’approche « qui explique l’islamisme
par l’islam, suggérant sa répression comme remède… est incapable d’expliquer
pourquoi l’islam n’a pas produit l’islamisme pendant quatorze siècles. »[xi]
L’Islam
politique n’est aucunement basé sur une lecture littérale du Coran. Et le Coran
n’a pas le monopole d’injonctions violentes (voir notre encadré fait de
citations de la Bible). Les citations de la Bible ne peuvent pas expliquer les
mouvements chrétiens aujourd’hui, celles du Coran ne peuvent pas expliquer
l’islam politique.
Quelle
attitude envers les islamistes
Il y a quelques conclusions qu’il
faudrait tirer. En tant que révolutionnaires, nous sommes évidemment
entièrement opposés à l’idéologie et aux tactiques des différents mouvements
islamistes (y compris bien sûr la tactique du terrorisme individuel). Nous ne
pouvons les considérer comme des alliés. Mais nous voyons dans la brutalité du
capitalisme et des puissances impérialistes l’ennemi principal. Puisque les
mouvements islamistes ont surgi comme une réponse à cette domination
impérialiste, nous pouvons nous trouver dans les mêmes luttes aux côtés de
certains de ces mouvements, sans faire des concessions politiques. Dans ces
luttes, il peut être possible de convaincre de jeunes islamistes que les idées
révolutionnaires répondent infiniment mieux à leur besoin de lutter contre
l’impérialisme.
C’est pour cela que c’est une erreur grave, et malheureusement
courante en France d’exclure par principe toute organisation musulmane de la
lutte contre l’impérialisme. Le succès massif du mouvement antiguerre en
Angleterre tient évidemment du rôle de Tony Blair dans les massacres, mais
aussi de la capacité de l’extrême gauche anglaise de construire un front uni
large ou des centaines de milliers de musulmans ont pu participer [xii]
Il est bien sûr de notre devoir aussi d’expliquer que,
même si l’islamisme surgit en opposition à l’impérialisme, l’histoire de ce
mouvement montre qu’il ne peut pas apporter la libération des peuples opprimés.
L’islamisme ne peut pas proposer une solution au système capitaliste à cause
des intérêts de classe qu’il représente. Même si en Palestine, le Hamas compte
un soutien solide, il a plus peur d’un soulèvement de masse que de
l’autorité palestinienne corrompue. Si ses critiques de l’OLP sont souvent
dures, il ne possède pas une stratégie alternative pour la libération de la
Palestine.
Les
islamistes qui n’ont pas de base de masse, comme Ben Laden, ont encore moins à
proposer. La popularité de Ben Laden parmi certaines populations reflète avant tout la faillite
d’alternatives non-religieuses.
Il ne
faudrait pas en conclure pourtant que l’islam politique est condamné à disparaître
rapidement, comme semble soutenir Gilles Kepel, chercheur et intellectuel de
premier plan sur l’islam politique Il faut valoir que, depuis le retrait des
troupes soviétiques de l’Afghanistan, la plupart des mouvements politiques
islamistes connaissent une fragmentation, des défaites sérieuses Selon Kepel,
les attentats du 11 septembre représentaient la faiblesse de l’islam
politique et pas sa force C’est sans doute vrai, mais de là à un déclin
terminal de l’islam politique, nous en sommes loin.
En réalité,
l’intervention militaire occidentale en Afghanistan et en Irak, la capitulation
politique de l’autorité palestinienne, et l’absence d’alternatives politiques à
gauche vont assurer un nouveau recrutement aux mouvements islamistes malgré
leurs défaites passées.
Seule
l’émergence d’une vraie alternative à gauche peut réduire durablement
l’influence de l’islam politique dans les pays où il jouit d’une base populaire
importante. Comme l’écrit le militant palestinien, Toufic Haddad
« Je
m’attends à voir la croissance d’un mouvement qui rompt à la fois avec les
régimes arabes corrompus, et avec l’impasse stratégique d’Al Quaida, même s’il
faudra des années pour développer et clarifier un tel courant. Malheureusement,
la faiblesse des forces de gauche dans le monde arabe est criante, et c’est ce
qui a empêché l’émergence d’un courant qui comprend la structure de
l’oppression et de l’exploitation et sait construire une alternative politique. »
John Mullen
(LCR Montreuil)
À lire aussi
L’excellent article de Alain
Gresh sur l’islamophobie dans Le Monde Diplomatique. On peut le lire sur le web
au http://www.monde-diplomatique.fr/2001/11/GRESH/15801
Encadré : La Bible l’a dit.
Celui qui
blasphémera le nom de l’Éternel sera puni de mort : toute l’assemblée le
lapidera. Qu’il soit étranger ou indigène, il mourra, pour avoir blasphémé le
nom de Dieu.
Lévitique 24 :
16
Lévitique 25 :
44-46
44. C’est
des nations qui vous entourent que tu prendras ton esclave et ta servante qui t’appartiendront,
c’est d’elles que vous achèterez l’esclave et la servante.
45. Vous pourrez aussi en acheter des
enfants des étrangers qui demeureront chez toi, et de leurs familles qu’ils
engendreront dans votre pays ; et ils seront votre propriété.
Les Nombres 31 : 14-18
14. Et Moïse
s’irrita contre les commandants de l’armée, les chefs de milliers et les chefs
de centaines, qui revenaient de l’expédition.
15. Il leur dit : Avez-vous laissé la
vie à toutes les femmes ?
16. Voici, ce sont elles qui, sur la parole
de Balaam, ont entraîné les enfants d’Israël à l’infidélité envers l’Éternel,
dans l’affaire de Peor ; et alors éclata la plaie dans l’assemblée de l’Éternel.
17. Maintenant, tuez tout mâle parmi les petits
enfants, et tuez toute femme qui a connu un homme en couchant avec lui ;
18.mais
laissez en vie pour vous toutes les filles qui n’ont point connu la couche d’un
homme.
Deutéronome
21:18-21
18. Si un
homme a un fils indocile et rebelle, n’écoutant ni la voix de son père, ni la
voix de sa mère, et ne leur obéissant pas même après qu’ils l’ont châtié,
19.le père
et la mère le prendront, et le mèneront vers les anciens de sa ville et à la
porte du lieu qu’il habite.
20. Ils diront aux anciens de sa ville :
Voici notre fils qui est indocile et rebelle, qui n’écoute pas notre voix, et
qui se livre à des excès et à l’ivrognerie.
21. Et tous les hommes de sa ville le
lapideront, et il mourra. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi, afin que
tout Israël entende et craigne.
Deutéronome
22:5
Une femme ne
portera point un habillement d’homme, et un homme ne mettra point des vêtements
de femme ; car quiconque fait ces choses est en abomination à l’Éternel,
ton Dieu.
Deutéronome
22:13-21
13.Si un
homme, qui a pris une femme et est allé vers elle, éprouve ensuite de l’aversion
pour sa personne,
14.s’il lui
impute des choses criminelles et porte atteinte à sa réputation, en disant :
J’ai pris cette femme, je me suis approché d’elle, et je ne l’ai pas trouvée
vierge, —
15.alors le
père et la mère de la jeune femme prendront les signes de sa virginité et les
produiront devant les anciens de la ville, à la porte.
16. Le père de la jeune femme dira aux
anciens : J’ai donné ma fille pour femme à cet homme, et il l’a prise en
aversion ;
17.il lui
impute des choses criminelles, en disant : Je n’ai pas trouvé ta fille
vierge. Or voici les signes de virginité de ma fille. Et ils déploieront son
vêtement devant les anciens de la ville.
18. Les anciens de la ville saisiront alors
cet homme et le châtieront ;
19.et, parce
qu’il a porté atteinte à la réputation d’une vierge d’Israël, ils le
condamneront à une amende de cent sicles d’argent, qu’ils donneront au père de
la jeune femme. Elle restera sa femme, et il ne pourra pas la renvoyer, tant qu’il
vivra.
20. Mais si le fait est vrai, si la jeune
femme ne s’est point trouvée vierge,
21.on fera
sortir la jeune femme à l’entrée de la maison de son père ; elle sera
lapidée par les gens de la ville, et elle mourra, parce qu’elle a commis une
infamie en Israël, en se prostituant dans la maison de son père. Tu ôteras
ainsi le mal du milieu de toi.
[i] Le Choc des civilisations, Odile
Jacob, Paris, 1997.
[iii] Le Nouvel Observateur 4 avril 2002
[iv] Le Monde Diplomatique septembre 2002
[v] The Guardian 30 mars 2001
[vi] Voir site web de Amnesty
International www.amnestyinternational.be/doc/article.php3?id_article=586
[vii] The Observer 23.12.2001
[viii] Voir par exemple le texte en anglais
de la revue « New Internationalist » http://www.newint.org/issue345/legacy.htm
et le texte au http://www.prospect.org/webfeatures/2000/12/lambert-m-12-08.html
[ix]En Iran, certains dirigeants
guérilla cherchait à intégrer le marxisme et
l’islam. Voir le livre dePhil Marshall, Revolution and Counter-Revolution in
Iran (Londres Bookmarks, 1988),65–67
[x] Courrier International 6 au 12
novembre 2003.
[xi] "Rouge" du 18 octobre 2001
[xii] L’article de Salma Yaqoob en
anglais « Islam and the Left », dans International Socialism N° 100, Automne
2003 montre en détail comment il a été possible d’organiser en nombre les
musulmans anglais contre la guerre en Irak. On peut le commander au
http://www.swp.org.uk/ISJ/ISJ.HTM
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