dimanche 6 janvier 2013

Des origines de la laïcité à la question du foulard



Le niveau de débat au sujet du foulard musulman et le rôle de la religion dans la société française aujourd'hui est souvent déplorable parmi les militants de gauche, et ceux qui répètent une demi-phrase citée de Marx, à la place d'une analyse du rôle dans le monde rel des idées religieuses sont malheureusement nombreux. Lors de notre dossier "Islam et politique", il y a presque 10 ans, nous avons essayé de creuser la question. Voici l'article de Murray Smith que nous avons publié. Il reste tout à fait d'actualité.
John Mullen 
 
Des origines de la laïcité à la question du foulard


Quand les camarades qui éditent la revue Socialisme internationale m’ont demandé de faire un article sur les origines de la laïcité j’ai commencé à faire exactement cela, d’un point de vue historique. Mais avec l’évolution de la situation et la place centrale qu’a prise le débat sur le foulard, cela a évidemment débordé sur la situation actuelle. D’où un certain aspect ‘'évolutif" du texte. Avec la concrétisation de la perspective d’une loi et ce qui commence à ressembler à l’union sacrée sur la question, il va falloir certainement revenir à la question, de plusieurs angles. Le texte qui suit n’est donc qu’une première contribution au débat.
MS, le 18/12/03

 

Il semble donc qu’on va vers une loi interdisant le port du foulard dans les écoles. Le 17 décembre Chirac a dûment approuvé cette proposition de la commission Stasi. Mais les propositions et toute la teneur du rapport de la commission Stasi, rendu public le 11 décembre, vont bien au-delà de l’interdiction du foulard. Elles cherchent à réglementer par la loi l’affirmation publique des convictions religieuses, voire politiques. Tout cela est fait au nom de la laïcité. La première phrase du rapport de la commission Stasi affirme solennellement que « la République française s’est construite autour de la laïcité ». Dans le premier paragraphe on peut également lire que « la France a érigé la laïcité au rang de valeur fondatrice ». Et ainsi de suite. Le concept de laïcité se trouve donc bel et bien au centre des débats actuels.
Il s’agit d’un concept bien français — le mot même ne se traduit pas facilement dans d’autres langues. Cela s’est vu récemment, au cours du Forum social européen de novembre 2003. La plupart des séminaires du FSE ont été proposés par des organisations originaires de plusieurs pays et ont rassemblé des participants de nationalités différentes. Pourtant, le séminaire sur « Laïcité et citoyenneté en Europe » a été proposé par huit organisations, toutes françaises (ainsi que par un obscur « Forum humaniste européen »). La tribune était donc franco-française et les participants au débat quasi-exclusivement français. À remarquer l’absence notable de femmes portant le foulard. Elles ont été plus nombreuses à participer au séminaire animé par l’intellectuel musulman Tariq Ramadan.
L’histoire est plus qu’anecdotique. La question de la laïcité, bien qu’il risque maintenant d’avoir des répercussions au-delà de l’hexagone, concerne essentiellement la France. Or, la présence d’une importante population musulmane n’est pas spécifique à la France. De telles populations existent aujourd’hui dans presque tous les pays d’Europe occidentale. Il s’agit d’un phénomène relativement récent, produit des flux migratoires depuis cinquante ans. Les manifestations de racisme à l’égard de ces populations ne sont pas non plus une spécificité française. Et le foulard se porte dans d’autres pays. Ce qui est particulier à la France, c’est que le port du foulard provoque de telles passions. Il est largement accepté, à gauche aussi bien qu’à droite, que le port du foulard constitue un ‘problème’qu’il convient de ‘régler’d’une manière ou d’une autre — par des pressions plus ou moins insistantes, par des exclusions décidées au niveau de l’établissement scolaire (ou dans d’autres services publics) et éventuellement par une loi. Il faut remettre les choses à l’endroit. Le problème n’est pas le foulard. Le problème est la façon dont la France et les Français (es) de souche réagissent à cette manifestation d’identité religieuse et culturelle. La fureur autour de la question est surtout le reflet de l’extrême difficulté qu’éprouve la société française à intégrer des populations musulmanes. Et cette difficulté est largement liée à la place qu’occupe la laïcité dans l’idéologie de l’État républicain français, surtout en ce qui concerne l’école.
Le large consensus qui est en train de se dégager en faveur d’une loi interdisant le port du foulard à l’école est assez instructif. Il recouvre ce qu’on pourrait appeler le centre du spectrum politique – UMP-UDF à droite, PS à gauche. Le consensus entre ces forces politiques se fait rarement en défense des valeurs progressistes. Si la droite traditionnelle aussi bien que la gauche social-libérale se réclament de la laïcité, c’est que celle-ci occupe une place centrale dans la construction de l’idéologie bourgeoise dominante qui dépasse largement la séparation entre Église et État. La laïcité fait bien, comme le dit la commission Stasi, partie des fondements de la République, c’est-à-dire de l’État.
En dehors de ce consensus droite-gauche on trouve, à droite, le Front national et Philippe de Villiers. Leur opposition à une loi n’est pas seulement inspirée par des considérations tactiques. Il est vrai que Le Pen veut bien rendre visible la présence musulmane dans la société française que droite et gauche veulent cacher. De son point de vue c’est en quelque sorte pratiquer la politique du pire, pour mieux étayer ses thèses sur l’»invasion » étrangère. Mais il y a une raison plus de fond – le FN et de Villiers défendent une identité française basée non sur la laïcité mais sur la foi et la tradition chrétiennes. C’est un courant minoritaire dans la classe politique française, qui descend de la vieille droite anti-républicaine. A gauche, la proposition d’une loi est opposée par le PCF, la LCR, les Verts, ainsi que par des associations et syndicats – la LDH, le MRAP, la CGT, la FSU. Pourtant cette opposition de gauche à la perspective d’une loi ne va pas sans contradictions, car en grande partie la gauche et l’extrême-gauche acceptent le point de départ des partisans d’une loi, à savoir que le port du foulard constitue un problème. Plus largement, elles font souvent preuve d’une attitude acritique à l’égard des concepts de laïcité et d’anticléricalisme formés dans la lutte de la République bourgeoise contre l’influence de l’Église catholique au XIXe siècle, mais qui aujourd’hui servent surtout à couvrir les préjugés et les discriminations à l’égard de l’islam.
L’attitude du mouvement ouvrier à l’égard de la religion n’a jamais été simplement d’être un peu plus ‘'radical' que l’extrême gauche républicaine. Aussi bien Marx et Engels que Lénine ont rejeté l’idée qu’on puisse combattre l’influence de la religion en interdisant ses manifestations et se sont montrés plus que critiques à l’égard de l’anticléricalisme bourgeois. Lénine écrivait en 1909 : « En Occident, après la fin des révolutions bourgeoises nationales, après l’institution d’une liberté plus ou moins complète de conscience, la question de la lutte démocratique contre la religion a été, historiquement, refoulée au second plan par la lutte menée par la démocratie bourgeoise contre le socialisme, au point que les gouvernements bourgeois ont essayé à dessein de détourner du socialisme l’attention des masses en organisant une « croisade » pseudo-libérale contre le cléricalisme. La Kulturkampf en Allemagne et la lutte des républicains bourgeois contre le cléricalisme en France ont revêtu in caractère identique. L’anticléricalisme bourgeois, comme moyen de détourner l’attention des masses ouvrières du socialisme, voilà ce qui en Occident a précédé la diffusion, parmi le social-démocrates, de leur actuelle « indifférence » envers la religion ». Là encore cela se conçoit et c’est légitime, car à l’anticléricalisme bourgeois et bismarckien, les social-démocrates devaient opposer précisément la subordination de la lutte contre la religion à la lutte pour le socialisme » (1).
Cette citation appelle plusieurs remarques. D’abord, sur son contexte : Lénine voulait expliquer aux social-démocrates russes pourquoi leurs camarades en Occident attachaient moins d’importance à la lutte contre la religion qu’eux qui se trouvaient face au tsarisme et à l’Église orthodoxe, et pourquoi ils faisaient même preuve d’une certaine « indifférence ». Malheureusement, cette indifférence ne s’étendait guère aux socialistes français de l’époque, qui avaient fortement tendance à se mêler aux anticléricaux bourgeois les plus extrêmes. Ensuite, Lénine va sans doute un peu vite en besogne quand il dit que les gouvernements bourgeois agissent à dessein pour détourner l’attention des masses du socialisme ; ils avaient d’autres motivations. Mais le résultat a bien été de détourner l’attention du mouvement ouvrier d’autres questions pendant un certain temps. Enfin la comparaison entre la Kulturkampf en Allemagne et l’anticléricalisme républicain en France mérite d’être soulignée. Au-delà des positionnements idéologiques et des formes de domination politique différents dans les deux pays, il s’agissait dans les deux cas de combattre une Église catholique dont la loyauté envers l’Etat bourgeois était douteuse.
Lénine, suivant Engels dans son refus de « se jeter dans les aventures d’une guerre politique contre la religion » cite avec approbation le fait que la social-démocratie allemande s’était prononcée « en faveur de la liberté pour les jésuites, pour leur admission en Allemagne, pour l’abolition de toutes mesures de lutte politique contre telle ou telle religion » (2). C’est peu dire que cette attitude n’est pas exactement ancrée dans les traditions du mouvement ouvrier français.
Quant à la situation d’aujourd’hui, il est clair que le gouvernement a trouvé la faille. En appuyant sur le bouton de la laïcité il rassemble une grande partie de la classe politique et divise les forces anti-capitalistes, surtout en milieu enseignant. Sans parler de sa nouvelle découverte de l’égalité hommes-femmes comme valeur de la République. Mais si le gouvernement a trouvé la faille, c’est que celle-ci existait, c’est que la laïcité se trouve à un endroit où le mouvement ouvrier a toujours eu du mal à se démarquer de l’idéologie dominante. Refuser de subordonner la lutte pour le socialisme à la lutte contre la religion, cela veut dire aujourd’hui refuser de se mêler à un « combat pour la laïcité » qui couvre une offensive politique et idéologique contre la religion musulmane. Il faut bien sûr mettre en avant la lutte contre le néo-libéralisme et ses effets. Mais pour le faire il va aussi falloir savoir répondre à l’offensive de la droite et de la gauche point par point sur le plan idéologique. Il n’est pas sûr que même ceux qui s’opposent à une loi soient en mesure de le faire.
C’est la loi de 1905, qui institue la séparation entre l’Église et l’État, qui est souvent considérée comme fondement de la laïcité. Mais si cette loi a effectivement tranché à un moment donné le conflit entre l’État républicain et l’Église catholique, conflit qui trace ses racines à la Révolution de 1789, il faut la situer dans le cadre plus large de l’idéologie de l’État républicain et d’une identité nationale centrée sur cette idéologie, lesquelles avaient été construites surtout dans le quart de siècle avant 1905. Et c’est parce que l’école a toujours joué un rôle central dans la construction de cette idéologie et de cette identité que c’est là où se concentrent, aujourd’hui comme hier, toutes les tensions.
Depuis la loi de 1905, l’État et les Églises sont séparés, au moins en France métropolitaine, à l’exception d’Alsace-Moselle. La loi « assure la liberté de conscience » et « ne reconnaît, ne subventionne, ni ne salarie aucun culte ». Il n’était nullement inévitable qu’on aboutisse à cette façon radicale de régler les rapports entre l’État et l’Église. Pour la comprendre il faut revenir sur l’évolution de ces rapports. Avant 1789, l’Église catholique de France avait le statut d’Église d’État, avec par ailleurs une longue tradition « gallicane » de résistance à l’autorité de Rome. Sa hiérarchie et ses riches monastères faisaient partie de l’ordre aristocratique et absolutiste ; le bas clergé était plus proche du Tiers état, avec lequel il s’est majoritairement allié en 1789.
La Révolution n’a pas abordé la question de l’Église dans un esprit d’anticléricalisme, ni avec l’intention d’aboutir à une séparation entre l’Église et l’État. Au contraire, le but était que l’Église d’État s’adapte à la Révolution. Telle était la motivation de la tentative en 1790 d’instaurer la Constitution civile du clergé. L’échec de cette tentative a conduit a ce que l’Église se divise entre « jurants » qui ont prêté serment à la Constitution et « non-jurants ». Par la suite, le clergé non-jurant a largement soutenu les révoltes royalistes. Par conséquent, l’Église a été désétablie en 1795. Entre temps, elle avait perdu une grande partie de ses richesses temporelles par la nationalisation et revente de ses biens, ainsi que, par l’introduction de l’état civil en 1792, son rôle de gestion sociale. Et l’anticléricalisme était devenu bien enraciné parmi les partisans de la République.
La césure entre l’État et l’Église n’était pourtant pas définitive. Dans son œuvre de consolidation et de codification de l’État et de l’ordre bourgeois issus de la Révolution, Napoléon s’est penché très tôt sur le dossier des rapports entre l’Église et l’État. Au tournant du XIXe siècle la France connaissait une grande liberté religieuse et une grande diversité de croyants – catholiques (jurants et non-jurants), protestants, juifs, déistes – et de non-croyants. Une telle cacophonie ne convenait ni à l’Église catholique, qui gardait l’adhésion de la grande majorité de la population, ni à la volonté de Napoléon d’instaurer l’ordre post-révolutionnaire. Le Premier consul faisait d’ailleurs preuve d’une grande lucidité – et d’un grand cynisme – concernant le rôle de la religion dans la société : « Dans la religion je ne vois pas le mystère de l’Incarnation, mais le mystère de l’ordre social ». Et de manière encore plus explicite, « La société est impossible sans inégalité, l’inégalité intolérable sans un code de moralité, et un code de moralité inacceptable sans religion ».
Napoléon a donc négocié un Concordat avec la Papauté en 1801. L’Église catholique ne redevient pas religion d’État, mais sera définie comme « la religion de la grande majorité des citoyens ». Les évêques et les prêtres deviennent des salariés de l’État, comme cela avait déjà été préconisé par la Constitution civile du clergé. Par des lois organiques parallèles, l’Église réformée calviniste, le luthéranisme et la religion juive sont aussi reconnus et soutenus financièrement. Le Pape a dû entériner la nationalisation des biens de l’Église, dont la revente aux particuliers avait été un élément constitutif important de la nouvelle bourgeoisie.
Le Concordat était une très bonne affaire pour Napoléon. L’Église avait reconnu le régime politique issu de la Révolution et le clergé pouvait servir de moyen de contrôle social, surtout dans les campagnes, tout en étant à son tour sous le contrôle de l’État. C’est un arrangement qui a duré, tant bien que mal, plus d’un siècle, pendant lequel les changements de régime politique étaient fréquents et où aucun régime bourgeois n’a réussi à se stabiliser.
Pendant la plus grande partie du XIXe siècle la France a connu des régimes monarchiques – l’Empire jusqu’en 1814-15, les Bourbons restaurés de 1815-1830, la monarchie bourgeoise de Louis-Philippe jusqu’en 1848, et après le bref interlude de la Deuxième République en 1848, le Second Empire jusqu’en 1870. Pendant toute cette période le pays était partagé entre royalistes (légitimistes et orléanistes), bonapartistes et républicains. Il n’était nullement gagné d’avance que le résultat final serait une république – la Troisième République, instaurée en 1870, aurait pu très bien être un épisode passager de plus.
L’Église catholique est restée fondamentalement anti-républicaine. Elle était d’ailleurs fortement liée à une Papauté qui se situait de plus en plus sur des positions réactionnaires et obscurantistes, rejetant explicitement la plupart des manifestations du monde moderne.
C’est seulement à la fin des années 1870 qu’un régime républicain commence à se stabiliser. Le royalisme et la droite catholique restent pourtant une force politique, hostile au régime républicain émergeant. Celui-ci lui renvoie bien le compliment. Si les termes ‘catholique’et ‘royaliste’étaient à cette époque presque synonymes, les termes ‘républicain’et ‘anticlérical’l’étaient également. « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » s’écriait Gambetta.
C’est à partir de 1879 que les fondements de l’idéologie de l’État bourgeois moderne ont été posés. Face à la réaction monarcho-cléricale, les bâtisseurs de la Troisième République ont en effet entrepris empiriquement de donner tort à Napoléon – de prouver qu’il était possible de faire accepter un code de moralité (et l’inégalité sociale qu’il devait justifier) sans religion. La séparation entre Église et État n’est pas consommée avant 1905, mais l’entreprise républicaine est laïque dès le début. En 1879, la Marseillaise devient l’hymne national, en 1880 le 14 juillet est adopté comme fête nationale, la statue de la République est érigée sur la place du même nom en 1883, les mairies sont équipées de bustes de Marianne. Va pour le symbolisme républicain, qui a son importance et qui sera prolongé en 1889 avec l’exposition universelle et la construction de la Tour Eiffel, avec le tricolore planté au sommet, réplique républicaine au Sacré-Coeur des catholiques.
L’essentiel était pourtant de construire une idéologie de la République qui puisse obtenir l’adhésion de la population. En choisissant de ne pas s’appuyer sur une religion d’État les hommes de la Troisième République ont fait de l’État – de la République, de la patrie — une religion. Leur grand inspirateur est Michelet, qui avait construit ‘une religion de la France’avec une imagerie et un langage profondément imprégnés de théologie catholique. Comme l’écrit Suzanne Citron, « En faisant de la France la Patrie-Messie, objet ultime de l’effusion religieuse, Michelet écarte définitivement les rêves d’universalisme apatride » (3). Il « consacre la France patrie de l’universel, pays de l’égalité fraternelle, nouvelle incarnation de Dieu ». Michelet lui-même écrit : « La Patrie… Ce dieu invisible en sa haute unité est visible en ses membres ». Il dessine un nationalisme, un national-messianisme aussi mystique que laïque : « Le Dieu Verbe, sous la forme où le vit le Moyen âge fut-il ce lien nécessaire ? L’histoire tout entière est là pour répondre : Non. Le Moyen âge promit l’union et ne donna que la guerre. Il fallut que ce Dieu eût sa seconde époque, qu’il apparut sur la terre, en son incarnation de 1789 ». « La patrie, ma patrie peut seul sauver le monde ». L’idéologie républicaine qui se construit est un mélange extraordinaire de références à la Révolution et à ses aspirations démocratiques et égalitaires et d’un culte de la patrie éternelle’.
La Révolution avait fourni les fondements de l’idéologie de l’État républicain. Mais cela ne suffisait pas, il fallait situer cette Révolution dans l’histoire d’une France éternelle, la présenter comme le couronnement de cette histoire. Il fallait donc fabriquer une histoire de la France conçue comme un long processus dont l’aboutissement était la Révolution et la République. Pour ce faire il fallait non seulement intégrer l’héritage des rois de France mais inventer une histoire fantastique remontant jusqu’à « nos ancêtres les Gaulois » et faisant de Clovis, Charles Martel et Charlemagne des Français à titre posthume. Nous sommes bien dans l’époque de « l’invention de la tradition » (4).
Dès le début l’école a joué un rôle fondamental dans la construction d’une identité nationale. En France comme ailleurs, l’extension de la scolarisation de masse correspondait à la fois au besoin d’avoir une force de travail plus instruite et à celui de diffuser l’idéologie bourgeoise à une échelle de masse. C’est d’ailleurs pourquoi le mouvement ouvrier a toujours eu — ou aurait dû avoir – une attitude critique à l’égard de ‘l’école de la République’, la considérant comme un terrain de combat, comportant à la fois des acquis à défendre et des conditionnements idéologiques à combattre. Les lois associées avec Jules Ferry entre 1881 et 1886 établissent un système scolaire élémentaire, national, laïc et républicain, même si continuent à exister des écoles catholiques. Et par ce canal était diffusée l’idéologie de la patrie, de la nation, de la République. Un aspect essentiel de cette entreprise était la destruction systématique de toutes les langues, dialectes et cultures minoritaires. Il y avait un matraquage culturel visant à éradiquer toute autre identité et de faire des élèves des Français, interdits de parler leur propre langue même dans la cour de récréation.
Cette imposition d’une vision monoculturelle – la République une et indivisible, le français comme langue de la République — n’est pas sans liens avec le présent. Le modèle français n’est pas un modèle d’intégration, qui peut se faire en respectant la diversité des cultures. C’est un modèle assimilationniste, où sous couvert de l’égalité de tout citoyen et l’élimination des particularités, chacun est censé se conformer à un modèle normatif pré-établi. Dans une tribune publiée dans Le Monde («Une laïcité frileuse »), Farhad Khosrokhvar de l’EHESS, en posant la question « Comment créer un lien social entre divers groupes qui s’émancipent de la tutelle assimilationniste de l’État tout en réclamant leur identité française ? » comprend bien que la question concerne Bretons, Corses et Juifs aussi bien que les Musulmans qui sont en butte à l’offensive actuelle (5). Et quand, dans une autre tribune dans le même journal, les philosophes Monique Canto-Sperber et Paul Ricoeur écrivent, « Les élèves (musulmans, MS) ne sont pas des agents de l’État, ils viennent d’une société tissée de liens et d’habitudes. Faut-il, pour les éduquer, commencer par les désincarner ? » ils touchent au vif du sujet (6). La réponse est manifestement oui – l’éducation laïque et républicain à la française commence précisément par désincarner, par déraciner des élèves venus d’autres cultures – paysans bretons ou Corses hier, Musulmans aujourd’hui. On commence à voir des mesures discriminatoires contre des mères d’élèves parce qu’elles portent le foulard. On peut facilement imaginer les effets sur des petits enfants de voir leurs mères ainsi traitées comme des parias. Mais chercher à faire en sorte que des enfants aient honte de leur propre culture et même de leurs propres parents n’a franchement rien de nouveau.
La deuxième moitié et surtout le dernier quart du XIXe siècle était dans tous les pays impérialistes l’époque de la fabrication d’un nationalisme de masse. Il fallait diffuser une idéologie capable de faire adhérer des larges couches de la population à l’État républicain. En France cela concernait surtout la masse de la paysannerie, mais aussi les nouvelles couches ouvrières et urbaines. Cela passait par l’école, par la presse populaire, avec l’arrivée d’un public éduqué, mais aussi par l’armée, avec la conscription introduite en 1872.
Il s’agissait à l’époque de la montée de l’impérialisme et du colonialisme d’inculquer une idéologie nationaliste qui affirmait la supériorité de son propre pays aussi bien à l’égard des races inférieures destinées à être colonisés que de ses rivaux impérialistes. Il n’est nullement un accident que le même Jules Ferry qui a fait l’école républicaine était un colonialiste actif et convaincu qui croyait fermement à la supériorité de l’homme blanc et de la civilisation occidentale. L’affirmation de l’identité – et de la supériorité — française par rapport à ses concurrents européens était d’une importance égale à une époque où toute l’histoire de la Troisième République a été vécue sous l’ombre de l’»humiliation nationale » de 1870 et de la perspective de la revanche. C’est encore Michelet qui vient à la rescousse de la patrie : « Toute autre histoire est mutilée, la nôtre seule est complète ; prenez l’histoire de l’Italie, il y manque les derniers siècles ; prenez l’histoire de l’Allemagne, de l’Angleterre, il y manque les premiers. Prenez celle de la France ; avec elle vous savez le monde […] La France a continué l’œuvre romaine et chrétienne ». Et encore : « On ne sacrifie guère qu’à ce qu’on croit infini. Il faut pour le sacrifice, un Dieu, un autel… un Dieu en qui les hommes se reconnaissent et s’aiment ». Ce Dieu est bien sûr la République, la patrie. La preuve du pudding, c’est qu’on le mange. La preuve décisive de l’efficacité de l’idéologie national-républicaine était fournie par la génération de jeunes qui est partie se faire massacrer dans la boucherie de la Première Guerre mondiale. De manière significative, ceux qui les premiers leur ont inculqué les valeurs de la République, les instituteurs, sont partis mourir en surnombre par rapport à la population générale ; un sur cinq ne reviendra pas.
Malgré les protestations catholiques contre les « écoles sans Dieu » de Jules Ferry on assistait au début des années 1890 à l’amorce d’une certaine détente entre l’Église catholique et la République. Le pape Léo XIII (1878-1903), a eu une attitude plus souple que son prédécesseur ou son successeur. En Allemagne il a contribué à refermer la parenthèse de la Kulturkampf. En France il a approuvé le’toast d’Alger’du Cardinal Lavigerie et par l’encyclique « Inter innumeras sollicitudines » de 1892 il a lancé la politique de « ralliement », appelant les catholiques à s’éloigner de la droite monarchiste et rallier la République. Malgré les résistances de la droite catholique, cette politique a eu quelques succès. Ainsi, des catholiques ralliés soutenaient le ministère Méline en 1896-98. Pourtant, la façon dont l’affaire Dreyfus a polarisé la société française a coupé court à ce ralliement, qui aura finalement lieu beaucoup plus tard. Les forces anti-dreyfusardes et antisémites venaient essentiellement de la droite catholique.
La polarisation révélée et accentuée par l’affaire Dreyfus a convaincu des secteurs décisifs de la classe politique qu’il fallait réduire l’influence de l’Église catholique, notamment dans le domaine de l’éducation. Une série de lois anticléricales est adoptée entre 1901 et 1904, surtout sous le ministère Combes, pour restreindre et puis supprimer le droit des congrégations catholiques à enseigner. Bien que les Radicaux les plus durs, les socialistes et la Libre-pensée poussent vers la séparation entre l’Église et l’État, la chose n’est pas encore faite. Mais la façon dont les lois anticléricales sont approuvées par la base sociale républicaine la rend envisageable. Ce qui sera décisif sera la réaction extrêmement hostile du Vatican qui conduira à la rupture des relations diplomatiques et convaincra le gouvernement qu’il fallait aller jusqu’au bout. Comme un siècle avant, ce qui domine, ce ne sont pas des motivations idéologiques mais des considérations politiques pratiques. Ainsi l’offensive anticléricale n’ira pas assez loin que le veulent certains, le gouvernement refusant à instituer le monopole d’État de l’enseignement et se démarquant des partisans d’un athéisme militant.
Dans le débat actuel, la laïcité est souvent présentée comme un grand principe détaché de tout le reste. En réalité, il s’agissait de la dernière brique de l’édifice républicaine, nullement inévitable, résultat de l’impossibilité à un moment donné de réconcilier idéologie républicaine et Église catholique, de l’intransigeance des catholiques qui a convaincu les modérés qu’il fallait prendre cette mesure radicale. C’est donc toute cette idéologie, laïque dès ses origines, qu’il faut prendre en compte.
Les rapports de la gauche et du mouvement ouvrier à cette France et à cette République ont toujours été compliqués, ambivalents. Suzanne Citron écrit que « depuis que la République est institutionnalisée, les républicains sont captifs de la confusion entre une république idéale, la ‘République absolue’, incarnation mystique des principes de la Révolution, et la République réelle, étatique parlementaire, affairiste. Le concept de ‘défense de la République’qui naît contre le boulangisme est traversé par cette ambivalence ». Et encore « la République française est restée prisonnière de ce carcan de confusion entre l’État (républicain) et la République idéale ». C’est surtout toute la confusion de ceux à gauche, et ils sont nombreux, qui se réclament des « valeurs de la République » sans préciser de quelle république il s’agit. Car il n’y a pas de « valeurs de la République » qui flottent au-dessus de la République française réellement existante – bourgeoise, étatique, réactionnaire, raciste, impérialiste. D’ailleurs, dans les faits la République française n’est ni plus démocratique, ni plus sociale, ni moins impérialiste, ni plus attachés aux droits de l’homme, que ses voisins, y compris monarchiques. Et comble d’ironie, la tradition laïque française n’a même pas fait reculer le poids de la religion – mesurée en termes de croyance, pratique, influence dans la société – davantage que dans la plupart des autres pays d’Europe occidentale.
Ni sur la laïcité, ni sur d’autres « valeurs de la République » nous n’avons rien à défendre en commun avec la droite et la gauche officielles. La véritable ‘exception française’, c’est la tradition révolutionnaire et son reflet dans la conscience populaire, c’est cette « irruption violente des masses dans le domaine ou se règlent leurs propres destinées » (7) à laquelle on assiste à répétition depuis 1789, en passant par 1793, 1848, 1871 et les luttes du dernier siècle. Cette tradition, nous la revendiquons, mais appeler cela « valeurs de la République » est source de confusion.
Il faut savoir ce qu’on défend et ce qu’on ne défend pas concernant la laïcité et l’école. Nous défendons l’école comme moyen d’instruction, nous défendons sa gratuité, nous exigeons des ressources adéquates et nous nous battons contre l’offensive libérale. Nous n’idéalisons pas l’école qui perpétue des inégalités sociales et inculque l’esprit de respect de l’autorité et de la hiérarchie. Nous défendons la séparation entre l’Église et l’État et la liberté de conscience. Cela veut dire que l’État et l’école sont neutres à l’égard des religions mais également garants de leurs droits. La tradition marxiste n’implique ni le nihilisme à l’égard de la religion, ni l’anticléricalisme ou l’athéisme militants. Il ne s’agit pas non plus d’imposer des normes de comportement autres que ceux qui sont nécessaires pour vivre et apprendre ensemble.
En fait, l’école a toujours fait des arrangements avec la/les religions reconnues. Pas simplement en excluant de la loi de 1905 l’Alsace-Moselle, qui vit toujours sous le régime du Concordat de 1801, ni dans les DOM-TOM, où par exemple en Guyane le catholicisme est la seule religion reconnue. Mais aussi en autorisant des aumôniers catholiques dans les collèges et lycées s’il y a suffisamment de demande. Sans parler de cette institution particulièrement française qui est le mercredi libre et qui ne correspond à aucune exigence de rythme scolaire mais est tout simplement l’héritier du jeudi laissé libre en 1905 pour que les enfants puissent aller au catéchisme. D’ailleurs, une certaine souplesse à l’égard de la religion n’est nullement condamnable, mais on ne voit aucun signe d’indulgence comparable à l’égard de l’islam.
Ce à quoi les élèves musulmans sont confrontés, ce n’est pas seulement à la laïcité au sens étroit du terme, mais à la nécessité – pour la France, pas pour eux – d’être assimilés au modèle républicain, de devenir des bons Français, de faire leurs les « valeurs de la République ». Or, une fois la première génération passée, cela a bien marché pour les Italiens, les Portuguais, les Espagnols et les Polonais, malgré leur catholicisme. Où plutôt grâce à lui, car ce n’est pas en se proclamant État laïque qu’on se défait de siècles de culture chrétienne et européenne et de la réalité que la majorité de la population française reste catholique. C’est pourquoi il est assez facile d’assimiler des gens de culture chrétienne et européenne. C’était déjà plus dur pour les immigrés juifs, qui malgré l’émancipation des Juifs français par la Révolution ont été confrontés à un antisémitisme profondément enraciné dans la tradition chrétienne.
Aujourd’hui les immigrés – et les enfants, voire petits-enfants d’immigrés — musulmans sont de religion et de culture non-catholiques et non-européennes, donc plus difficile à assimiler. Qui plus est, ils appartiennent à des peuples que toute l’histoire colonial-impériale de la France a conditionné les Français de souche à considérer comme inférieurs. Et ils sont nombreux. Ils sont confrontés à un racisme et aux discriminations sur les plans sociaux et économique. Ils sont marginalisés politiquement. Et leur religion et leur culture sont méprisées. Tout cela vient des tares de la société française – racisme post-colonial, modèle assimilationniste, refus de multiculturalisme. Et c’est renforcé par la vague d’islamophobie qui sévit actuellement dans le monde occidental.
La religion musulmane est en butte aux discriminations. On impose arbitrairement une conception de la séparation entre sphères public et privé qui est étrangère à cette religion dans ces pays d’origine et à laquelle il a fallu non pas des décennies mais des siècles pour arriver en Europe. On voit des affaires du foulard à répétition, c’est un drame à chaque fois qu’il faut construire une mosquée — et après on stigmatise à volonté « l’islam des caves ». Face à cela nous assistons à un double phénomène. D’un côté la perdurance de pratiques et codes culturels et familiaux traditionnels – ce qui explique le port du foulard imposé à certaines jeunes filles. Mais aussi – ce qui est beaucoup plus difficile à accepter pour les Français, même et peut-être surtout à gauche — des jeunes qui se tournent vers la religion, parfois mais pas toujours sous une forme intégriste, comme façon d’affirmer leur identité dans une société qui les rejette. Ce qui explique les filles qui portent le foulard par choix. Dans les deux cas, évidemment, la répression ne fait qu’aggraver les tensions.
La véritable intégration des Français (es) musulman (e) s passe évidemment par le combat contre toutes les discriminations économiques, sociales et politiques. De façon générale, c’est une idée qui est largement acceptée à gauche, même si les actes ne suivent pas toujours les sentiments. Mais l’intégration – à l’inverse de l’assimilation — passe aussi par l’acceptation par la société française de sa réalité multiculturelle et l’abandon d’un modèle monoculturel imposé. Et cela implique de confronter des attitudes que le président de la République a résumé avec sa verve habituelle, le 5 décembre à Tunis : « Les Français étant ce qu’ils sont le port du voile est une sorte d’agression qu’il leur est difficile d’accepter ». On notera qu’implicite dans cette conception des Français ‘qui sont ce qu’ils sont’(quelle suffisance…), est l’exclusion de la catégorie de Français les cinq millions de Musulmans, pourtant en grande partie de nationalité française. Qui oserait affirmer que de telles attitudes se trouvent uniquement à droite ?
Concernant le foulard, il faut commencer à regarder la question libérée du carcan laïque. Il est évident que la capacité d’être médecin, assistante sociale, jurée, ou enseignant n’est nullement réduite par le fait d’être croyant, ni de porter un foulard sur la tête. Encore moins, la capacité de poursuivre des études. Le discours qui prétend que c’est un problème, que cela dérange, que cela menace la ‘neutralité’n’est souvent qu’une couverture pour l’intolérance européocentrique. Et encore une fois, pas seulement à droite. Le problème ne réside pas dans les quelques centimètres carrés de tissu que portent certaines filles sur la tête, mais dans la quantité de préjugés et d’intolérance que beaucoup de Français de souche ont dans leurs têtes.
On ne saurait ériger tel ou tel autre pays en contre-modèle. Tous les pays européens connaissent le racisme. Mais certains d’entre eux sont, pour des raisons historiques, plus tolérants à l’égard d’autres cultures. Là-dessus, il ne suffit pas d’agiter l’épouvantail de « communautarisme » pour clore le débat avant qu’il ne s’ouvre et de se recroqueviller sur le ‘modèle français’.  Il semble bien que dans certains pays les populations musulmanes sont mieux intégrées qu’en France – au sens de participer à la vie politique et associative, et d’être visibles dans les médias autrement que comme sportifs ou chanteurs de rock. De toute façon le modèle français, censé favoriser l’intégration, est manifestement en train d’avoir le résultat contraire, y compris et surtout en ce qui concerne ceux qui, grâce au droit de sol, sont par leur carte d’identité des Français.
Ce qui a commencé comme un débat franco-français est en train d’avoir des répercussions au niveau international — d’abord évidemment dans le monde musulman. Penser qu’en interdisant le foulard en France on participe à une croisade internationale contre l’intégrisme et pour les droits des femmes serait le pire des erreurs. C’est évidemment le contraire qui est vrai. L » intégrisme laïc » en France, comme il est perçu, non sans raison, dans le monde musulman, a plutôt tendance à renforcer les réflexes identitaires et peut en fin de compte favoriser les autres intégrismes. La journaliste Khadidja Benganna, présentatrice de la chaîne quatarie Al-Jazira, qui avait été obligée de fuir l’Algérie en 1994 face aux menaces intégristes, a réagi à la situation en France en décidant, fait inédit sur cette chaîne, de porter le foulard à l’écran (8). Cela n’en fait pas évidemment une intégriste. Simplement une Musulmane qui réagit de sa façon en défense de ses co-religionnistes. Et ce n’est qu’un exemple. Peut-on vraiment imaginer un seul instant que la façon dont la France est en train de stigmatiser sa population musulmane puisse aider les femmes des pays musulmans ne voulant pas porter le foulard, et plus largement cherchant à se libérer des contraintes de la religion ?
Pour la gauche anticapitaliste le débat autour du foulard, avec toutes ses ramifications, constitue un test. Il ne suffit pas de refuser de tomber dans le piège tendu par le gouvernement et de porter la question sociale sur le devant de la scène. Il faut bien sûr le faire, mais le problème ne se réduit pas à des discriminations sociales et à la misère, il y a aussi une dimension idéologique. Il ne suffit pas non plus de s’opposer à une loi. En s’y opposant dans l’esprit qu’il s’agit d’une « mauvaise réponse à un vrai problème » on est incapable de répondre à toutes les dimensions de l’offensive anti-musulmane. Sur le plan des idées on a déjà cédé une bonne partie du terrain à l’ennemi. C’est toute l’idéologie qui sous-tend l’actuelle offensive anti-musulmane qu’il faut combattre. C’est le sacro-saint « modèle français » qu’il faut remettre en cause.
Murray Smith (LCR Montreuil)
NOTES
1. Lénine, « De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion », Oeuvres complètes, tome 15.
2. Ibid.
3. Suzanne Citron, Le Mythe National, Editions ouvrières/EDI, Paris, 1989. Toutes les citations qui suivent de Suzanne Citron et de Michelet sont prises du premier chapitre («La France est une religion ») de ce livre.
4. Titre d’un livre d’Eric Hobsbawm et Terence Ranger (éd), (The Invention of Tradition, Cambridge, 1983).
5. Le Monde du 20 novembre 2003.
6. « Une laïcite d’exclusion est le meilleur ennemi de l’égalité », Le Monde du 11 décembre, 2003.
7. Trotsky, Préface à Histoire de la Révolution Russe.
8. Le Monde du 12 décembre 2003.

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